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  • Writer's pictureLe Grand Mot Dit

À VOTRE SERVICE !

Après quelques années avec un ordinateur fixe, j’ai décidé de revenir au portable. Beaucoup plus de liberté. Je peux maintenant prendre mon outil de travail et parcourir les rues de Drummondville à la recherche d’un petit café où je pourrai aller travailler, tout en observant les gens discrètement. Mon activité favorite. Et, bonus, ça me fait faire de l’exercice et perdre quelques kilos. À l’approche de la cinquantaine, même chaque gramme est important pour avoir une vue bien dégagée alors que je suis debout devant ma toilette. J’aime bien pouvoir m'aligner comme on dit… Donc, selon ma logique, un ordinateur portable m’aiderait à ne pas salir inutilement mon bol de toilette.

Ceci dit, cet achat n’est pas que sanitaire. Je m’en sert aussi pour écrire. Mais lorsqu’on se retrouve devant une page blanche, vous vous en doutez, ce n’est pas nécessairement évident de trouver un sujet d’écriture. Mon réflexe quand ça m’arrive, c’est de regarder autour de moi. Et là dans ce café, il y a la serveuse, très gentille. Et je me rappelle du temps où, pendant plusieurs années, je travaillais dans le service à la clientèle. Le merveilleux monde du service à la clientèle ! Ce milieu que j’aimais détester et que je détestais avouer que j’aimais. Mais c’est ce qui se rapprochait le plus de mon métier d’acteur. J’en ai dit des niaiseries pour amuser les clients. Si vous vous êtes déjà fait servir par le gars qui vous offrait du beurre et du sucre à la fin de votre repas en vous disant que nous n’avions plus de bonbons, qu’il ne vous restait qu’à rouler le beurre dans le sucre pour vous faire des bonbons au beurre, c’était moi ! C’était mon exutoire, ma façon d’avoir du plaisir en travaillant dans un domaine qui n’était pas le mien totalement. Et ça fonctionnait. Il faut dire que j’ai le sens de la répartie très développé et le “piton” humour tellement sensible que je me raconte parfois des blagues que je ne connais même pas moi-même !

Pendant toutes ces années comme serveur, j’en ai vu des choses. Et j’ai même pu constater que certains clients ne sont pas nécessairement les pogos les plus dégelés de la boîte. Il y a plusieurs types de clients. Il y a le trop gentil. Celui qui vous parle d’un ton mielleux comme si vous étiez son grand ami, celui qui vous complimente sur tout, sur un ton de “baleine trop fine qui braille lentement de joie”... Quand j’étais jeune, ma mère appelait ça “Lirer”. Finalement, le trop gentil sacre son camp en laissant un pourboire tellement petit que t’as juste le goût de le prendre en pitié, de courir après et de lui remettre son argent en lui disant “Tiens, je crois que t’en as plus besoin que moi”.

Il y a le client “Ami du Boss”. Vous savez, celui qui, à peine assis, s’empresse de vous signaler que c’est un grand ami du patron, en vous demandant d’aller le chercher. Je répondais souvent: “Hhhmmm… Je pense que votre amitié s’en va à la dompe, parce que je me rends bien compte qu’il ne vous a pas dit qu’il était parti en vacances dans le sud, le salaud…” . Ou bien, ma préférée, je leur disais qu’il était en voyage de noces. C’était un test, et quatre-vingt-quinze pour cent du temps, ils devenaient rouges et ne m’écoeuraient plus avec ça du reste du souper ! Le cinq pour cent qui restait se mettait à rire parce que je connaissais les amis de mon patron…

Il y a les “Habitués”. Les faux comme les vrais. Les faux, ceux qui veulent tout avoir gratuitement, maintenant, pendant que vous leur chantez une chanson à répondre en tutu rose avec une bouilloire sur la tête, parce que ça les amuse, et qui ne manquent pas de vous signaler sans cesse qu’il sont des habitués mais que vous n’avez jamais vu dans la place. Puis, il y a les vrais habitués, ceux qui veulent tout avoir gratuitement, maintenant, pendant que vous leur chantez une chanson à répondre en tutu rose avec une bouilloire sur la tête, parce que ça les amuse, et qui ne manquent pas de vous signaler sans cesse qu’il sont des habitués et ils le sont vraiment.

Il y a les nouveaux riches, plus communément appelés “parvenus”. Ceux-là sont drôles. Pauvres petites bêtes qui croient qu’il faut se gargariser avec le vin pour y goûter… Fait vécu…

Il y a le client “Grand comique” aussi. Charmant, mais maudit que ses "jokes" sont plates ! Tu ris pour ne pas le blesser, juste avant d’aller te donner un coup de Ventolin même si tu n’es pas asthmatique.

Puis vient le client “Pas de ci mais plus de ça”. Celui qui change toute la recette et finit par manger un poulet parmigiana au lieu d’un spaghetti bolognese. Écoute cher monsieur, chère madame, le menu ce n’est pas une parure ! Quand je vais m’acheter une voiture, je prends ce qu’ils offrent. Je me vois mal arriver chez le concessionnaire et demander un moteur de Mazda dans un modèle de Ford, mais le volant d’un Jeep et les pédales d’une Toyota ! Il faut assumer ses choix ou apprendre à faire la cuisine ! On m'a déjà demandé des œufs avec le jaune bien cuit mais le blanc pas bien cuit !

Mais mes préférés, et je le dis très sincèrement, ce sont les clients qui ne sortent pas souvent et qui réussissent à se ramasser assez de sous pour se payer un bon souper pour leur anniversaire de mariage. Ils sont simples, ne veulent pas déranger, sont contents d’être là. Ça donne envie de tout donner pour leur offrir un service de grande qualité. Il y a longtemps, je travaillais dans un resto de Québec, Le Cochon Dingue sur la rue Maguire. Un charmant couple est venu manger, justement pour leur anniversaire de mariage. Propriétaires d’une ferme, ils ne sortaient pas beaucoup parce que tenir une ferme, c’est un emploi à temps plus que plein. La dame me confiait s’être fait elle-même sa robe expressément pour l’occasion. Vraiment, je les adorais. Ils regardaient le menu avec les yeux ronds, on aurait dit deux chevreuils devant des phares de voiture ! Ils ont finalement commandé chacun un Steak Frite de 9 onces. Ils ont tout mangé, j’aurais pu remettre les assiettes sur les tablettes tellement elles étaient propres. Je leur demande si c’était à leur goût, et ils me répondent évidemment que oui, mais je m’en doutais un peu. Puis ils ajoutent qu’il ne savaient pas que c’était bon comme ça, du cochon d’inde… La misère que j’ai eue à ne pas réagir ! Je me suis mordu les lèvres un instant, puis je leur ai expliqué que le nom du restaurant était un jeu de mot, Cochon Dingue, et ce qu’ils avaient mangé, c’était vraiment du bœuf. Devant un léger malaise de ces deux adorables personnes qui croyaient avoir mangé un genre de gros hamster de 9 onces, je leur ai menti que l’erreur se faisait très souvent. Mais des clients comme ça, j’en prendrais à la tonne !

Et le pire type de client ? C’est le client qui, dans un autre resto ou commerce, fait exactement le même travail que toi. Le serveur servi. Celui qui manque tellement de confiance en lui qu’il se permet de critiquer la moindre chose parce que semble-t-il, monsieur ou madame ne ferait jamais une chose pareille. Et c’est pire lorsqu’il vient avec ses amis. Alors là, il doit montrer à plus de gens qu’il est bien meilleur. Ce sont les plus détestables. Mais merci à mon sens de la répartie… Ô merci mille fois !

Parlant de répartie... Quand j’entends quelque chose de stupide, j’ai le cerveau de Lucky Luke. Je dis une niaiserie plus vite que mon ombre. Ça sort tout seul et rapidement, je n’y peux rien. “Question niaiseuse, réponse niaiseuse” pourrait très bien être mon slogan personnel. Voici quelques exemples d’une longue liste qui n’en finit plus. Juste pour vous donner une idée de ce qui peut se passer parfois dans ma tête en tant qu'employé et même en tant que client.


Dans une bibliothèque

MOI - Bonjour, je vais emprunter ce livre-là.

BIBLIOTHÉCAIRE - C’est pour lire ?

MOI - Non, ferme les lumières, j’veux juste le sentir.


Chez PFK, à Drummondville.

MOI - J’vais prendre 4 gros contenants de salade de choux svp.

SERVEUSE - C’est pour ici ou pour emporter ?

MOI - Donnes-moi une grosse cuillère, je vais les manger drette là. Je trippe là-dessus ben raide !


Après avoir eu les cheveux aux épaules pendant un bout, j’arrive à mon travail, les cheveux rasés, vraiment rasé.

COLLÈGUE - Han ! T’es-tu fait couper les cheveux ?

MOI - Non, j’ai mis des barrettes !


En arrivant en béquilles à un souper.

AMI - Han ! T’es-tu blessé?

MOI - Non, j’veux juste perdre de la masse musculaire à la cheville droite.


Quelqu’un s’aperçoit que j’ai un diachylon sur le bout de l’index

AMIE - Tu t’es coupé ?

MOI - Non, c’est mon parachute qui n’a pas ouvert. J’ai un peu mal tombé.


Au défunt resto Trattoria à Drummondville, où j’étais serveur. Un client me demande.

CLIENT - Avez-vous des toilettes ?

MOI - Non, on les a vendu, personne s’en servait.


En attendant en ligne à une caisse chez Walmart, une femme arrive derrière moi :

DAME - Excusez-moi, attendez-vous pour payer à cette caisse-là ?

MOI - Non, j’ai apporté ces articles-là de chez-moi, j’attends ici mais je veux aller à l’autre caisse. Mais sur ma planète, c’est comme ça qu’on procède.


Chez le défunt Future Shop Drummondville, je demande conseil à un vendeur au sujet de mon ordinateur qui ne fonctionne pas.

PRÉPOSÉ - Avez-vous appuyé sur “Power” ?

MOI - Ben ça parle au câline ! Y a un “Power” là-dessus ! Moi qui hurlait à ma souris de m’écouter, la chienne finie !!


Toujours à La Trattoria, une cliente arrive.

CLIENTE - Êtes-vous ouvert ?

MOI - Ça dépend sur quel sujet.


Chez Jucep, où je venais de manger.

SERVEUSE - C’est pour payer comptant ou cash ?

MOI - HHmm… Non, j’vais payer en argent.


À la boutique Le Château, une vendeuse se « garoche » littéralement sur moi dès mon arrivée.

VENDEUSE - Bonjour ! Est-ce que je peux vous aider ?

MOI - Ben justement, j’aurais besoin de 120$ pis d’un coup de main pour déblayer mon entrée de garage.


Chez Chaussures Pop à Drummondville.

VENDEUSE - Bonjour, c’est pour des souliers ?

MOI - Non, j’me cherche un set de patio !


Et je pourrais continuer des heures… Mais je lève la tête de mon écran et j’observe la gentille serveuse qui est affairée avec d’autres clients, sourire aux lèvres. Elle est peut-être étudiante en génie civil ou en médecine et travaille dans ce resto parce qu’elle n’a pas le choix ou bien elle ne désire que travailler avec le public parce qu’elle aime tout simplement ça et que son désir le plus profond est de travailler dans la restauration le plus longtemps possible. Peu importe, ce qu’elle fait, elle le fait bien et elle n’est pas la seule. Et pas seulement dans les restaurants. Le service à la clientèle au téléphone, dans les industries, à l’interne, etc. Il y a de bons employés et de moins bons. Il y a de bons clients et de moins bons. À vous de choisir votre camp, mais choisissez donc le bon… Cheers !

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